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Si on m’avait dit un jour que j’allais vous parler de cigognes sur ce blog, je ne sais pas vraiment si j’y aurais cru… Mais il y a quelques semaines, j’ai eu la chance de découvrir Kinosaki Onsen et sa région. Une expérience fantastique pour profiter des sources thermales chaudes, mais également pour en découvrir plus sur les alentours ! C’est alors que ma guide m’a fait découvrir l’histoire incroyable de cette région et le lien avec la nature que les habitants ont pu créer. Une région qui aujourd’hui tente de réconcilier l’agriculture et la nature, pour préserver un écosystème encore fragile.

Toyooka : une terre historique de cigognes, un symbole de la région

Quand on parle des cigognes japonaises, il faut savoir qu’on ne parle pas de la même cigogne qu’on retrouve en Alsace. Celle qui vit ici au Japon est bien particulière. Elle ne peut d’ailleurs même pas se reproduire avec l’espèce qu’on a en Europe et ici, son nombre est bien plus faible à tel point que l’espèce est menacée. Elles sont appelées : cigognes orientales. J’ai ainsi pu découvrir que par le passé, ces cigognes avaient disparu du pays. En effet, en 1971, l’espèce s’est malheureusement éteinte. Plusieurs raisons à cela, dont notamment l’agriculture et l’utilisation de produits néfastes à leur santé. Les pesticides et la destruction de leurs habitats naturels auront donc eu raison de cette belle et grande espèce…

Cigogne orientale au Japon à Toyooka
L’une des cigognes que j’ai pu observer et qui passait au-dessus de moi lors de ma balade à vélo à Toyooka.

Cependant, quelques années plus tard, tout a changé ! En effet, malgré la disparition de ces espèces, elles sont restées un vrai symbole. C’est alors que tout a été fait pour tenter de les réintroduire. Un défi très difficile quand on sait que la réintroduction naturelle d’espèces est difficile et n’a pas toujours fonctionné partout à travers le monde où cela a été tenté. De plus, l’effort dans ce cadre-là devait être particulier, car si rien ne changeait du côté du comportement des habitants et des agriculteurs, l’espèce aurait rencontré le même problème à nouveau.

Une incroyable synergie de tous les acteurs locaux

C’est alors que les enfants comme les agriculteurs ont compris l’ampleur du problème. Les enfants ont par ailleurs eu un rendez-vous avec le maire de la ville pour expliquer qu’il fallait prendre ce problème très au sérieux et par la suite, tout le monde a fait de son mieux ! Rapidement après l’arrêt d’utilisation de produits chimiques dans les rizières, l’écosystème est revenu petit à petit. La nature a le pouvoir de se régénérer parfois tant qu’il n’est pas trop tard et il semblerait que cette fois-ci, ce n’était pas le cas. Si cela a été vite compris, c’est aussi à cause d’un typhon qui a particulièrement dévasté la région et qui a fait comprendre aux habitants l’importance du respect de la nature.

Est-ce que cela a changé beaucoup de choses pour les agriculteurs ? Oui, forcément… Cependant, les enfants ont pu réussir indirectement à faire pousser du riz bio ! Un riz unique appelé « Riz des cigognes » dont tous les habitants de Toyooka sont aujourd’hui très fiers. Un riz unique et réputé pour son goût. Petit spoiler : j’en ai acheté un paquet il y a quelques semaines et je l’ai dévoré, c’était super bon ! Alors forcément, le prix est un peu plus élevé mais on sait pourquoi et ça vaut amplement le coup.

Les rizières peuvent produire du bon riz grâce à des écosystèmes très complets et dans ce cadre là, chaque espèce à son importance. Les poissons qui circulent dans les eaux qui irriguent les champs, les grenouilles permettent de réduire les insectes néfastes aux plantations, les cigognes qui se nourrissent eux-mêmes de certaines espèces qu’ils trouvent dans les rizières, etc. Finalement, tout cela forme un milieu parfait pour permettre à tous de vivre en harmonie à condition évidemment, qu’aucun produit chimique ne vienne se mêler à tout ça…

Un court documentaire en anglais sur les cigognes à Toyooka, la version longue et en français est disponible au musée des cigognes dans la ville.

2005 : l’année de la réintroduction des cigognes

Cette année fut l’une des années marquantes de ce projet de réinsertion. En effet, c’est en 2005 que fut réintroduite l’espèce des cigognes occidentales à Toyooka. Quelques mois plus tard, les premiers couples se sont formés et par la suite, les poussins sont apparus. La reproduction naturelle des cigognes a ensuite débuté et ce fut alors pour tous les habitants un soulagement ainsi qu’un gros moment d’émotion ! Aujourd’hui, les cigognes sont une centaine. C’est peu mais c’est à la fois beaucoup qu’on en pense que seulement quelques-unes ont été réintroduites en 2005. Grâce au travail des habitants, des écoliers et des agriculteurs, l’écosystème a pu reprendre son cours habituel sans être perturbé par les pesticides.

Musée des cigognes à Toyooka.

Encore aujourd’hui, tous les enfants connaissent l’histoire de ces animaux particuliers, c’est l’emblème même de la ville. Il existe par ailleurs un musée que j’ai pu visiter mais également un parc à cigogne. Il permet d’accueillir les animaux un peu trop vieux pour continuer à vivre dans la nature mais également ceux qui sont blessés afin de prendre soin d’eux. Aujourd’hui, ces espèces sont même aperçues dans d’autres régions du Japon où elles peuvent se déplacer. Cependant, elles reviennent presque toujours à Toyooka, leur terre d’accueil !

Une région qui offre un choix de produits biologiques important

Par cette histoire, les habitants ont pu prendre conscience de l’impact de l’homme sur la nature et de l’importance de faire attention à notre planète. Cela a alors engendré bien plus que du riz respectueux de l’environnement ! On trouve aujourd’hui et à l’échelle de toute la région, de nombreux produits bios. Il faut le dire, au Japon, l’agriculture biologique est loin d’être aussi répandue qu’en France alors forcément, c’est toujours un plaisir de voir que malgré tout, certains régions y apportent une attention particulière.

La ville est par ailleurs réputée aujourd’hui pour ses cigognes et des Japonaises et Japonais viennent ici pour en apprendre plus sur cette histoire ainsi que pour goûter ces produits uniques. Ces cigognes sont donc un symbole important qu’on peut retrouver jusqu’à une boite postale de ville à côté du musée qui leur est dédié ! Cette histoire perdurera en tout cas encore longtemps, puisque c’est un sujet sur lequel tous les enfants de la région sont beaucoup sensibilisés dès le plus jeune âge à l’école dorénavant.

Des cigognes que l’on peut parfois apercevoir se balader à Toyooka et Kinosaki Onsen

Lors d’une balade à vélo, j’ai eu la chance de pouvoir observer plusieurs de ces cigognes ! De ce qu’on m’a dit, j’ai été plutôt chanceux car si on peut en voir parfois, il est rare d’en voir autant en si peu de temps et au même endroit ! Il faut croire que j’attire ces cigognes occidentales ? Quoi qu’il en soit, j’ai été particulièrement touché par cette histoire qui montre que quoi qu’il arrive, quand on a la volonté de changer les choses : que ce soit une volonté politique, une volonté des habitants ou même des enfants, tout est possible. Cette réintroduction montre également une chose : tout est possible, bien que ce soit difficile. Cela donne un espoir important, surtout en ce moment dans un monde qui va mal d’un point de vue écologique, il faut le dire. Toyooka représente l’espoir et j’espère de tout mon coeur que cette belle histoire sera encore plus largement partagée. Pour cette raison, je vous laisse avec un documentaire très intéressant qui raconte toute cette histoire.

Article rédigé après une invitation à découvrir la ville par Visit Kinosaki.

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