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Si jamais vous imaginez la population nippone comme un défilé de tenues arc-en-ciel au fameux style kawaii (traduction pour « mignon »), vous avez raison…. Mais aussi un peu tort.

L’image que peut avoir l’Occident sur le Japon est remplie de clichés sur l’exotisme que le pays peut refléter, de par ses styles excentriques et ses mangas mondialement connus.

Cependant, dans la vraie vie, la ville de Tokyo, comme toutes les capitales du monde, regorge de styles éclectiques, à savoir multi-colorés, mais aussi très sobres.

Tokyo, une ville comme les autres ?

L’ouverture économique et culturelle du Japon sur le monde a bel et bien cassé certaines traditions. Dès les années 1980, la croissance des designers de mode japonais a pris son envol. Depuis, ceux-ci sont convoités par les plus grandes marques de prêt-à-porter internationale, mais aussi de haute couture.

Le Japon, pays du Soleil levant, donc du « nouveau jour », a su surfer sur cette image d’avant gardiste, avec un style minimaliste, précis et novateur, aux yeux des Européens.

Dans cette simplicité de style, le pays a conquis le cœur des Occidentaux avec l’arrivée récente de grandes enseignes comme Muji ou Uniqlo, suivant la vague du normcore.

Défini par ses couleurs primaires et matières naturelles, prônant avant tout le confort et l’utilité, le normcore suit alors la philosophie traditionnelle du Japon, à savoir celle de l’humilité et de la sobriété.

Dans cette même idée de traditionnelle humilité, les Japonais sont encore très attachés a leurs costumes et uniformes. Comme on peut le savoir par leurs dessins animés, les écoliers du pays portent encore un uniforme, et pour les grandes occasions, le kimono.

Les fonctionnaires également ne font pas d’écarts de style avec leurs costumes et tailleurs droits, souvent bleu marine.

Entre tradition et créativité, la jeunesse japonaise se trouve un nouveau terrain de jeu dans l’univers de la mode.

Cependant, hors des institutions, le souci d’individualité est un phénomène grandissant.

Les Japonais sont connus pour être une population traditionnellement basée sur le respect et la politesse. Dans cette optique, disons qu’ils ne sont pas si extravagants dans leurs gestes et expressions. Souvenez-vous de mon article sur le caractère des Japonais, lorsque je vous mentionnais qu’ils ont du mal à exprimer leurs émotions et qu’ils peuvent sembler très indécis ou timides.

C’est alors à travers leurs tenues et malgré leur « poker face » ou « visage impassible » pourrait-on traduire en français qu’ils tentent de s’exprimer, en silence.

Au fil de ces dernières années, l’arrivée des mannequins de rue a permis l’apparition du phénomène du streetstyle s’est largement répandu à l’unanimité par les Japonais, garçons comme filles.

Ainsi, leurs looks, des plus sobres aux plus extravagants, sont suivis de près sur la sphère médiatique internationale de la mode et leurs moues inexpressives collent à l’image du mannequin des podiums blasé. Créatifs voire précurseurs, les Japonais savent donner une nouvelle image de leur pays pourtant si traditionnel et parfois encore censuré.

La quête de soi à travers un style individuel.

L’importance de la tenue est donc une affaire d’identité et de modernité.

Dans une population plutôt hétérogène avec un très faible pourcentage d’expatriés (environ seulement 2% !), il est alors primordial de pouvoir se distinguer de la masse. C’est ainsi que la foule aux multi-styles, concept pseudo-européen, a vu le jour.

Cette ouverture au monde a donc bouleversé les codes du gakuran et du costard-cravate ennuyant. Certes, ils existent encore, mais ils sont réservés exclusivement aux périodes de travail; on en verra rarement en weekend ou après les heures de bureau.

Dans leur quotidien, les Japonais savent s’habiller pour chaque occasion, et sont adeptes du concept américain “dress to impress”.

De plus, et en particulier pour la gente féminine, le style occidental est de plus en plus recherché et copié. Les consommatrices les plus aisées privilégieront alors les grandes marques luxueuses de prêt-à-porter européennes.

Le marché du vêtement au Japon ne s’est alors jamais porté aussi bien, sans vouloir faire de jeu de mots. Autant à l’import qu’à l’export avec le marché français, cette entente cordiale et créative et une collaboration fructueuse, culturellement et économiquement, pour les deux pays : l’engouement japonais pour le chic classique et authentique du style français est contrebalancé par la fascination des Français pour cette simplicité nippone et leur style de vie wabi-sabi.

Cependant, je pense toujours qu’il y a encore des efforts à faire quant à leur ouverture à la communication verbale.

Un seul coup d’oeil à sa tenue permet de comprendre plus au moins les intentions qu’une personne s’est donnée pour la journée, ou pour l’occasion dans laquelle elle s’y présente. Dans ce monde actuel basé sur l’image et la silhouette, chaque tenue est donc individuellement calculée afin d’exprimer son humeur du moment.

Mais au Japon, un t-shirt se lira mieux qu’un sourire.

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